Après le flamboyant feu d’artifice qui embrasait le golfe de Saint-Tropez hier, suivi de la soirée des équipages, c’était jour de marché ce samedi à Saint-Tropez. L’occasion des dernières bonnes affaires pour les quelques 3 000 équipiers des Voiles de Saint-Tropez, conviés dès 11 heures pour l’ultime journée de course de cette 27ème édition.
La magie des Voiles a une fois de plus opéré, et ce ne sont pas les Maxis qui diront le contraire, eux dont la remise des prix a lieu ce soir avant d’honorer demain Modernes et yachts de Tradition. Un timing serré privait les yachts de Tradition d’une dernière manche mais à l’heure des comptes, chacun peut savourer d’avoir vécu une semaine exceptionnelle.
Maxis : Ecarts minimes et beaux vainqueurs
Deux parcours construits pour les classes Maxi 1 et GP et un côtier pour les Maxis 3, 4 et 5, c’était le menu du jour en baie de Pampelonne pour le dénouement de ces Voiles de Saint-Tropez. Au total cette semaine, le plateau remarquable de 41 yachts de plus de 60 pieds, le plus grand rassemblement de Maxis avec la Maxi Yacht Rolex Cup, aura disputé six manches pour les deux grandes classes et cinq ou quatre pour les trois autres. Encore quelques chiffres : dans quatre des cinq catégories, les écarts entre les deux premiers sont d’un ou deux points maximum, signe de régates très serrés et d’un suspens qui aura duré jusqu’à ce soir.
En Maxi 1, pour le Trophée Edmond de Rothschild, rien n’était définitivement joué hier encore entre V, le Wallycento de Karel Komarek et Capricorno, le 82 Judel-Vrolijk d’Alessandro del Bono. Mais avec deux victoires aujourd’hui, l’équipage de V réalise un quasi sans-faute sur la semaine (4 victoires sur 6 manches) et s’impose avec la manière au général. Leopard 3 de Joost Schuijff complète le podium et l’équipage mixte de Tilakkhana II mené par Pascale Decaux, termine en quatrième position après une très belle semaine sur l’ex-Magic Carpet Cubed.
En Maxi GP, le Wallyrocket 71 Django, aura marqué cette édition des Voiles et confirme sa victoire en septembre à la Maxi Yacht Rolex Cup de Porto Cervo. Plus léger et planant que ses concurrents, il s’est confirmé très véloce dans les conditions légères de la semaine souvent associées à du clapot en baie de Pampelonne. Mais l’équipage de l’italien Giovanni Lombardi Stronati a eu fort à faire contre l’Américain Vesper, toujours dans le coup, qu’il ne devance que d’un point au général.
La hiérarchie d’hier et qui a prévalu toute la semaine a été respectée en Maxi 3 avec la victoire d’une autre équipe italienne, celle de Twin Soul B, mené par Fédérico Lunardini. Le Mylius 80 a su tenir en respect le Wally 77 Lyra, tenant du titre dans cette classe, distancé de seulement deux points.
En Maxi 4 en revanche le Vismara 62 italien Yoru conserve son titre 2024. Sanctionné par un OCS aujourd’hui, l’équipage de Luigi Sala a failli gâcher son très beau début de semaine marqué par trois victoires consécutives. Mais en éliminant cette dernière manche du comptage final, il sauve sa place d’un point par rapport à Seaquill, le Swan 60 d’Alessandro Doria. Un point, c’est aussi l’ écart qui sépare ce dernier du belge Kallima II, auteur d’une très belle fin de semaine, conclue par une première place dans le côtier d’aujourd’hui.
C’est finalement en Maxi 5 que la victoire est la plus nette. Crazy Diamond, le Solaris 60 d’Enzo Pelizzaro qui n’a concédé aucune manche à ses deux dauphins Viva la vida et Saida séparés d’un point sur le podium, remporte la catégorie.
Modernes : Départs à l’anglaise
Avec une brise installée au Sud-ouest, c’est un départ à l’anglaise, traduisez au portant, qui a libéré les cinq catégories de modernes à la Tour du Portalet devant le public massé sur le môle Jean Réveille. Un exercice où la gestion du timing est primordiale pour ne pas mordre la ligne tout en préparant l’envoi du spi qui ne doit pas se gonfler avant le franchissement.
En IRC 0, le match attendu entre Vesper et Zen n’a pas manqué, et dès le départ ces deux candidats à la victoire finale se marquaient de près. Mais les australiens de Zen n’ont pas tenu la cadence aujourd’hui. Malgré sa mauvaise entrée en matière lundi, c’est bien Vesper qui remporte le Trophée BMW, victoire de la régularité de l’équipage américain sur tout le reste de la semaine.
Nanoq Final Final qui remporte la manche d’aujourd’hui complète le podium mais laisse donc cette année sa couronne après quatre victoires consécutives dans cette classe. Souvent aux avant-postes, les gros ratings que sont Daguet 5 et Kilara II le Wallyrocket 51 n’ont jamais pu sauver leur temps dans les conditions légères et les parcours assez réduits face aux TP 52 qui occupent les cinq première places sur six engagés.
Les petits airs ne sont pas forcément pénalisants pour les bateaux les plus taxés. Preuve en est la victoire de Give me Five, plus petit des IRC 2 mais affublé d’un des plus gros rating. Sur le podium des cinq manches disputées avec deux victoires, l’équipage d’Adrien Follin a fait très peu d’erreurs et s’est toujours sorti des mauvais coups comme aujourd’hui où ils terminent deuxième malgré un départ en second rideau. La prime à la régularité aurait pu récompenser également Zappys en IRC 1 mais c’est finalement le Ker 40 Vito 2 qui l’emporte d’un point grâce à sa belle deuxième place aujourd’hui (Zappys ne termine que neuvième).
Victoire sans partage en revanche pour Pride en IRC 3 impérial toute la semaine, deuxième ayant été son plus mauvais score hier. Pour la seconde année consécutive, le célèbre Swan 44 repart avec la coupe, lui qui est à l’origine de la Nioulargue par le duel qu’il livra avec le 12 m JI Ikra en 1981. La famille Graves qui bichonne son Swan noir depuis 1973, s’était alloué cette année les services de Steve Benjamin, champion du monde d’Etchells et médaillé aux Jeux de 1984 en 470.
L’équipe bien rodée laisse loin derrière la concurrence en IRC 3, la catégorie la plus représentée avec 33 bateaux sur la ligne. En IRC 4 enfin, la victoire du jour d’Expresso, le JPK 10.10 de Guy Claeys vainqueur l’an passé, n’aura pas suffi à rattraper son retard au général. C’est Corto Maltese, le First 34.7de l’Italien Michel Colasante, troisième aujourd’hui qui l’emporte. Une victoire logique pour celui qui a gagné trois des cinq courses disputées cette semaine.
Traditions : Pour le plaisir et pour la gloire
Il était plus de 15 heures au moment de faire s’élancer les Classiques, heure limite inscrite dans les Instructions de course des Voiles de Saint-Tropez. Pas de manche donc aujourd’hui pour les 81 yachts de Tradition qui restaient pour beaucoup sur le plan d’eau, partageant une dernière fois de la saison le plaisir de faire partie de cette flotte d’exception. Chips, Olympian, Corinthian et Joyant les quatres P Class qui disputent toute l’année un championnat informel, se livraient à un dernier speed test, les 12 m JI continuaient leur spectacle en attendant leur tender quand Lelantina, la goélette aurique sur plans Alden venait longer le mole pour saluer les spectateurs. L’équipage de Patrick Gibert sociétaire de la SNST, pouvait savourer sa victoire à domicile dans la catégorie Cruiser. Les deux trois mâts Adix et Atlantic offraient également un ballet parfaitement chorégraphié dans la lumière dorée du Golfe de Saint-Tropez, dernière carte postale de des Voiles de Saint-Tropez.
En Big, récompensés par le Trophée Rolex, c’est donc Cambria qui l’emporte d’un petit point devant Elena of London, la goélette Atlantic complétant le podium. A coup sûr, ces trois-là auront marqué de leur majesté cette 27ème édition des Voiles de Saint-Tropez. Face aux grandes goélettes c’est finalement le plus long sloop engagé – 40 mètres hors tout, et le plus haut mât du port, toutes classes confondues – 50 mètres, qui appose son nom sur la longue liste des détenteurs du prestigieux Trophée Rolex, dont c’était la vingtième édition cette année.
En Grand Tradition et en 12 m JI, victoires sans partage du New-York 50 Spartan et de Kiwi Magic qui n’ont laissé aucune manche à leurs concurrents.
En Epoque aurique, Kismet, le plan Fife centenaire de Sir Richard Matthews l’emporte cette année devant Oriole, le plan Herreshoff vainqueur l’an passé, et c’est un autre plan Fife, Viola, revenu aux Voiles cette année qui complète le podium. Pour rappel, Sir Richard Matthews avait déjà remporté ici l’an passé, mais c’était à la barre de son 12 m JI Crusader !
En Classique Marconi, Argynne III, le plan Cornu construit chez les frères Bonnin à Arcachon en 1955 met tout le monde d’accord. Construits avant 1950, les Epoque Marconi, sont eux répartis en deux catégories de rating. En A, c’est le Sparkman et Stephens Varuna VII qui décroche la timbale, et en B, les honneurs reviennent à l’un des deux Sonny, celui skippé par le britannique Tobias Brand.
Enfin, en IOR, les deux plans Frers Il Moro di Venezia et Matrero terminent à égalité de points mais c’est le premier qui l’emporte avec deux manches terminées à la première place contre une seule pour son concurrent argentin qui a très nettement progressé par rapport à sa première participation aux Voiles l’an passé.
Trois questions à Charles Caudrelier : « La chorégraphie des manœuvres m’intéresse beaucoup »
Le vainqueur de la Route du Rhum et de l’Arkéa Ultim Challenge était en visite à Saint-Tropez ce week-end. L’occasion de lui poser quelques questions au sujet du futur Gitana 18 qui porte les couleurs d’Edmond de Rothschild.
De passage à Saint-Tropez, tu viens naviguer ?
Non, je viens en visiteur, j’accompagne Edmond de Rothschild qui est partenaire de l’événement et avec l’hiver qui arrive chez nous en Bretagne, ce n’est pas désagréable de venir retrouver le soleil ici ! J’avais fait une manche des Voiles sur Mari Cha IV avec Mike Sanderson dans les années 2000, la fameuse goélette qui était un très beau bateau. C’était sympa mais très bref !
Il y a ici beaucoup de bateaux qu’on ne croise jamais en Atlantique, c’est inspirant ?
Oui, d’ailleurs je n’ai jamais navigué sur un Classique ! Quand j’étais jeune, ça ne m’intéressait pas vraiment mais aujourd’hui je les regarde différemment. Le côté équipage, manœuvres m’intéresse beaucoup. S’il y a bien quelque chose que je trouvais fantastique sur la Coupe de l’America, ce sont les manœuvres, cette chorégraphie. J’adore ce qu’ils font aujourd’hui, je ne suis pas dans le « c’était mieux avant » mais on a perdu un peu cet aspect qui me plait. Lorsque j’ai disputé la Volvo Ocean Race, orchestrer tout un équipage m’a passionné. Je vois comme c’est déjà compliqué à 11 marins, alors j’imagine qu’à 20 sur les Maxi ou les Classiques, ça ne doit pas être simple !
Vous avez renoncé à participer à la Transat Café l’Or, où en est Gitana 18 ?
Au départ, nous avions imaginé mettre à l’eau en octobre, la Transat n’était pas au programme car nous avions une tentative de Trophée Jules Verne avec Gitana 17 programmée pour l’hiver 2024-2025. Lorsque nous avons cassé son mât, en rentrant de Méditerranée l’an passé, la campagne de records a été annulée, ça faisait un grand vide dans le programme, et accélérer pour être présent au départ de la Transat avait du sens. Mais nous avons vite compris que ce n’était pas réaliste et à un moment donné on a préféré décaler pour aller au bout de tous les choix techniques du bateau. Nous allons donc essayer de mettre le bateau à l’eau avec toutes les idées qu’a imaginé Guillaume Verdier. Tout est intéressant sur le papier, mais lorsqu’on passe à la réalisation, c’est souvent plus compliqué que prévu ! Les équipes font preuve de beaucoup d’imagination et je suis assez impressionné des solutions qu’ils arrivent à trouver. Nous avons la chance d’avoir un jumeau numérique et nous faisons beaucoup de simulateur en attendant les premières navigations. Notre première course sera l’Odyssée Ultim en Méditerranée à partir du 28 mai prochain, nous avons tous hâte, même si le bateau a d’abord été conçu pour les transats et tours du monde.
Programme des Voiles de Saint-Tropez 2025
Dimanche 5 octobre : Remise des Prix pour les voiliers Modernes et les voiliers Classiques, dont le Trophée Rolex
Partenaires principaux des Voiles de Saint-Tropez
ROLEX
BMW
EDMOND DE ROTHSCHILD
WALLY
SUZUKI MARINE
BRIG
Partenaires et Fournisseurs officiels des Voiles de Saint-Tropez
NORTH SAILS
PORT DES MARINES DE COGOLIN
MERCANTOUR
BYBLOS
EKLE
VSC
PEPINIERE DU GOLFE
CHAMPAGNE BARONS DE ROTHSCHILD
CHATEAU SAINT-MAUR CRU CLASSE
DOMAINE BERTAUD BELIEU
Partenaires institutionnels des Voiles de Saint-Tropez
VILLE DE SAINT-TROPEZ
PORT DE SAINT-TROPEZ
ESPRIT VILLAGE A SAINT-TROPEZ
SAINT-TROPEZ TOURISME
FEDERATION FRANCAISE DE VOILE
YACHT CLUB DE FRANCE
INTERNATIONAL MAXI ASSOCIATION
Organisation :
Société Nautique de Saint-Tropez, Président : Pierre Roinson
Principal Race Officer : Georges Korhel
Responsable Régates : Frédérique Fantino
Moyens sur l’eau : Gilles Doyen
Communication et attachée de Direction : Chloé de Brouwer
Rédaction : Pierre-Marie Bourguinat
Sites internet : www.lesvoilesdesaint-tropez.fr ; www.societe-nautique-saint-tropez.fr
Facebook : les Voiles de Saint-Tropez officiel
X anciennement Twitter : @VoilesSTOrg
Instagram: les_voiles_de_saint_tropez
Vidéo : Guilain Grenier, Images 6 G Production/SNST 2025
Photos : Gilles Martin-Raget
Relations Presse : Maguelonne Turcat